Représentation

« Le soutien aux familles, à toutes les familles et donc aux familles monoparentales est au cœur de nos actions » : intervention de l’Unaf aux Assises de la monoparentalité

En collaboration avec le Commissaire régional à la lutte contre la pauvreté, l’Udaf 82 a organisé, le 28 septembre 2023 à Montbeton, les Assises de la monoparentalité. Isabelle Saunier, Administratrice de l'Unaf, y est intervenue, en représentation de la Présidente de l'Unaf, Marie-Andrée Blanc.

Assises de la Monoparentalité dans le Tarn et Garonne

Intervention d’Isabelle Saunier, Administratrice de l’Unaf

« Je vous remercie chaleureusement pour votre invitation et je suis honorée de représenter l’Unaf lors de ce colloque dédié aux familles monoparentales. Marie Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf, m’a chargée de bien vouloir excuser son absence.

L’Unaf est l’institution chargée de représenter les 18 millions de familles et de donner officiellement avis aux pouvoirs publics sur les questions d’ordre familial. Elle regroupe avec le réseau des Udaf plus de 6000 associations familiales de sensibilité très diverses ; en effet notre marque de fabrique c’est le pluralisme avec la présence à l’Unaf et dans les Udaf d’associations familiales de toutes sensibilités, à noter parmi ces associations, des associations de familles monoparentales. 

L’Unaf réalise un véritable diagnostic sur la situation des familles ; elle prend toute sa place dans les concertations, négociations et différentes stratégies menées en lien avec les Pouvoirs publics : parentalité, enfance éducation, protection de l’enfance, numérique, consommation, santé… autant de sujets qui touchent les familles monoparentales.

Les Udaf dans les territoires analysent, mettent en lumière les besoins des familles et gèrent un certain nombre de services pour répondre à des besoins spécifiques : plus de 70 services différents.

Le soutien aux familles, à toutes les familles et donc aux familles monoparentales est donc au cœur de nos actions.

Alors que les médias, à la suite des récentes émeutes du mois de juillet ont mentionné que les émeutiers interpellés étaient, pour 75 % d’entre eux, issus de familles monoparentales ou accueillis par l’aide sociale à l’enfance, nous avons rappelé à Madame Aurore Bergé, ministre des solidarités et des familles, que les difficultés rencontrées par ces familles ne peuvent en aucun cas être systématiquement associées à la cause d’acte de délinquances. 

Nous sommes ici tous conscients de la pluralité des situations familiales qui existent aujourd’hui.

Les familles monoparentales, en particulier, vivent une multitude de réalités et une multitude de façons de vivre leur situation.  Il est donc essentiel pour l’Unaf de ne pas les enfermer dans des catégories rigides, mais de faire reconnaître aux pouvoirs publics et institutions, la fluidité et la diversité de leurs trajectoires familiales.

Les plus vulnérables parmi ces familles, conjuguent difficultés financières et isolement, privées de la solidarité familiale qui va au-delà du simple lien conjugal.

La monoparentalité est pour 85 % des situations, le résultat de séparations, qui peuvent entraîner des défis financiers et émotionnels pour les parents et leurs enfants. Nous n’oublions pas également, ces femmes, ces hommes, ces parents devenus veufs à la suite du décès de leur conjoint (e).

Les risques économiques vécus par ces parents lors de leur entrée dans la monoparentalité, sont particulièrement préoccupants. 

L’emploi constitue un rempart essentiel contre la pauvreté des familles monoparentales : il divise par 3 ou 4 le risque de basculement dans la pauvreté pour la famille. Cependant, encore faut-il que l’emploi soit compatible avec la vie de famille, particulièrement contrainte de ces parents.

C’est pourquoi l’Unaf appelle à l’organisation d’une négociation sociale en entreprise où la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle serait un sujet obligatoire et spécifique.

L’entrée dans la monoparentalité constitue pour les familles un choc sur leur budget, et accroît leur risque de surendettement.

Les familles en situation de monoparentalité sont, plus que d’autres, confrontées à un risque de pauvreté, de chômage et de mal-logement, malgré les aides dont elles peuvent bénéficier. Ce risque est plus important lorsqu’il s’agit d’une femme, et encore davantage lorsqu’il s’agit d’une mère célibataire (ni veuve, ni séparée).

Engagées dans la gestion des Points Conseils Budgets (PCB), les Udaf peuvent témoigner de l’efficacité de ces dispositifs pour accompagner les familles dans leurs difficultés pour gérer leur budget, stabiliser leur pouvoir d’achat, éviter les frais d’incidents bancaires, contribuer à lutter contre leur surendettement.

L’Unaf soutient fermement la mise en place d’un accompagnement budgétaire pour ces familles, notamment à travers les séances « Parents après la séparation » initiées par les Caf, dont il serait opportun qu’elles intègrent une dimension économique. 

Chaque année, 380 000 enfants mineurs sont confrontés à la séparation de leurs parents. Dans certains cas, les familles monoparentales doivent faire face également aux conflits familiaux liés à la séparation.

Le bien-être des enfants et leur droit à maintenir des liens avec leurs deux parents doivent être une priorité.

Le réseau des Udaf est très engagé dans les dispositifs tels que la médiation familiale et les espaces de rencontre , dispositifs essentiels pour préserver ces liens.

Cependant, les ressources actuelles sont insuffisantes, et ne permettent pas de garantir, partout sur le territoire, le droit de l’enfant à garder des liens avec ses deux parents ; l’effectivité de ce droit fondamental est pourtant une priorité.

L’Unaf a formulé plusieurs propositions pour répondre à ces défis. Parmi elles, l’organisation d’un service public de la médiation familiale, la réduction des délais de justice en matière familiale, la promotion de la médiation post-sentencielle, et la mise à disposition de logements relais temporaires pour les parents en cours de séparation.

La COG Etat – Cnaf 2023/2027 énonce quelques objectifs mais nous restons un peu déçus et nous espérons qu’une stratégie plus ferme et lisible des pouvoirs publics sur le soutien aux parents sera construite dans les mois qui viennent en lien avec des acteurs comme l’Unaf et les Udaf.

Le sentiment de solitude, d’isolement, vécu par ces parents, les conduit à demander d’être davantage soutenus dans leur rôle de parent, multiple et complexe, dans un monde en constante évolution, mêlant droits et devoirs sur l’enfant.

Aussi, l’Unaf suggère de mieux accompagner les familles monoparentales dans leur rôle de parents. Il est crucial de trouver des solutions sans stigmatiser ou enfermer les familles dans un statut. Les parents « solos » le soulignent eux-mêmes, en rappelant l’importance de ne pas s’enfermer dans une identité de « mono parent », privilégiant les dispositifs accueillant toutes les familles.

L’Unaf appelle donc les pouvoirs publics à davantage mettre en avant les actions de soutien à la parentalité dans les politiques publiques. 

Plus particulièrement, il convient de ne pas ignorer, mettre en œuvre et valoriser des dispositifs de prévention contre le burn-out parental. Aussi l’Unaf propose de développer l’ensemble des offres et dispositifs permettant aux familles de s’accorder un moment de répit (hebdomadaire, ou au travers des vacances) pour renforcer les liens sociaux de ces parents en leur permettant de rencontrer d’autres parents ou du prendre du temps pour eux. Les garderies solidaires développées par le réseau répondent à ce besoin exprimé par de nombreux parents.

Enfin, l’Unaf appelle à faire du principe de coparentalité une réalité en renforçant l’information et l’accompagnement des parents sur les règles applicables en matière d’autorité parentale.

L’Unaf et le réseau des Udaf sont pleinement engagés aux côtés des familles et des familles monoparentales. Nous travaillons à leur proposer, en étroite collaboration avec les mouvements familiaux, des actions de soutien à la parentalité répondant à leurs besoins. 

En conclusion, je tiens à réaffirmer notre engagement envers toutes les familles, et en particulier les familles monoparentales. Nous continuerons à travailler ensemble pour améliorer leur quotidien et garantir leurs droits.

Je vous remercie de votre attention. »